¿Por qué Atelier Muguette ?

Pourquoi céramique décomplexée ?

Muguette, une fleur délicate au parfum de caractère.

Ce sont souvent des questions qu’on me pose alors voilà les explications !

Lorsque j’ai créé l’Atelier Muguette en 2017, j’ai dû chercher un nom pour mon entreprise et j’ai très vite choisi de rendre hommage à ma grand-mère Muguette, pour tout ce qu’elle m’a apporté dans la vie. J’ai d’ailleurs hérité de ce prénom si rare en troisième prénom et paraît-il de sa vision volontaire de la vie.

La céramique décomplexée fait quant à elle plutôt référence à mon vécu tant personnel que métier. Je n’ai touché pour la première fois l’argile qu’après 30 ans mais j’ai très vite été fascinée par sa plasticité et ses multiples possibilités. Après une première vie professionnelle en RH et 2 enfants, j’ai décidé de me reconvertir en céramique. En parallèle, il me semble avoir assez vite réalisé que l’entreprenariat d’artisanat d’art est un subtil mélange dont personne n’a la recette idéale : j’ai donc décidé que je ferai de la céramique décomplexée, c’est à dire en suivant mon chemin, selon mes propres envies et aspirations. 

C’est suite à une formation de plusieurs centaines d’heures chez Matière Contact pour appréhender ce savoir-faire que je continue d’apprivoiser depuis que je me suis lancée. Nous avons créé l’atelier-boutique en 2017 avec Mélanie – Atelier Faucher, Restauration de vitrail ancien et création de vitrail contemporain, en plein cœur du quartier des Brotteaux, Lyon 6.

Crédit Photo : Jérôme Pantalacci

L' Atelier

Notre lieu est un espace d’échange et de partage à travers des évènements et des collaborations, tel que le Christmas Corner que vous pouvez consulter sur Facebook et Instagram qui rassemble depuis le départ les créations d’artisan.e.s lyonnais.e.s au mois de décembre. Nous mettons ainsi en avant d’autres matières et matériaux, pour mettre en avant l’artisanat local.

L'argile

Trois terres sont travaillées à l’atelier : du grès beige uni, ou moucheté (dit pyrité) et de la porcelaine, terre très blanche due au kaolin qu’elle contient. Ces terres sont des argiles de haute température et seront cuites à terme à 1250 degrés. 

Une autre famille de terre existe : la faïence. Elle est quant à elle cuite à 1100 degrés maximum, sous peine de fondre. Restant poreuse sous l’émail, elle résiste mieux aux écarts thermiques donc passe au four de cuisine (type plats à gratin terracotta, littéralement « terre cuite » en italien) mais résiste moins bien aux chocs mécaniques.

Les terres de haute température, elles, vitrifient à la cuisson émail et deviennent donc plus résistantes aux chocs mais pas aux chutes ! Ces pièces passent ainsi au micro-onde et au lave-vaisselle.

Les techniques

Le tour

C’est la technique qui fascine le plus mais qui est également difficile à appréhender car elle demande de la coordination des mains bien évidemment mais du cerveau également. Plusieurs étapes sont nécessaires pour tourner une pièce. Battre la terre, centrer la boule, faire la quille, percer, tasser le fond, affiner la paroi, donner la forme, densifier la lèvre, faire un chanfrein, sortir la pièce. Une fois raffermie, au stade dit « cuir », il faut la tournasser sur le tour de nouveau, c’est à dire l’éplucher pour améliorer le galbe et creuser un créneau dans le pied afin qu’il repose sur un anneau, ce qui sera plus stable que sur le disque complet du pied et accessoirement allège la pièce.

Le bol pincé

Tout comme au tour, cette technique part d’une boule. Les mêmes étapes seront réalisées mais les gestes diffèrent un peu avec les pincements réguliers. Cette technique donne des pièces rondes moins régulières qu’au tour. On peut conserver l’arrondi du fond et suspendre la pièce en y faisant des trous ou taper la pièce pour en faire un bol à fond plat.

Mains pratiquant la technique du bol pincé avec l'argile

La plaque

On étale à plat l’argile au rouleau comme une pate à tarte, à l’aide de réglettes afin d’obtenir une épaisseur homogène. Une fois raffermie, on peut découper dans l’argile tous types de formes, les mettre en volume par estampage ou en collant les morceaux entre eux. L’avantage de cette technique c’est de pouvoir sortir des formes rondes

Mains pratiquant la technique de la plaque avec l'argile

Finitions et cuissons

Une fois modelée la pièce peut être décorée en reliefs et/ou en couleurs à l’engobe puis elle doit sécher. Ensuite la pièce sera cuite 2 fois. Une petite tasse ou un gros saladier ne mettront pas le même temps à sécher, de même en fonction de la température ambiante en fonctions des saisons.
Dans tous les cas, la pièce ne devra plus être humide lors de la 1ère cuisson sinon l’eau rentrera en ébullition à 100 degrés et explose la pièce !

La première cuisson est appelée biscuit pour la basse température ou dégourdi pour la haute température et s’effectue à 950 degrés dans mon atelier. C’est la porosité de la pièce qui est utile pour l’émaillage, avant la 2ème cuisson. L’émail pourrait s’apparenter à du verre en poudre (silice, alumine + un fondant) en suspension dans l’eau. Une fois trempée dans le bain d’émail, le tesson poreux de la pièce absorbe l’eau et la poudre d’émail reste en surface. Il est nécessaire de désémailler le pied sous peine qu’il ne fusionne avec la plaque de cuisson ! La pièce doit ensuite recuire à 1250 degrés afin que la terre et l’émail vitrifient et obtiennent leur aspect final.

Bon à savoir !

Entre la pièce crue et la pièce cuite, il y a un retrait de 14% pour le grès (8% au séchage puis 6% lors des cuissons) qui doit être pris en compte lors de la création de la pièce. Tout réduit proportionnellement : la taille, le diamètre, l’épaisseur et le poids. Crues, les pièces doivent donc être un peu plus grosses !

Avec ces multiples étapes dans le processus de création d’une pièce en céramique puis les cuissons de 36 heures chacune, dans un four rempli, il est impossible de fabriquer une pièce en 2 jours ! Bien que nous soyons désormais habitué.e.s à l’immédiateté des achats sur internet à l’autre bout du monde, la pièce artisanale est, elle, réalisée à la main avec soin et en local, ce qui en fait une pièce unique à chaque fois.  Il faut donc compter au moins 15 jours de délai pour une commande.

Lorsque vous consommez chez un.e artisan.e, vous n’achetez pas qu’un objet ou un service : vous valorisez un savoir-faire longuement acquis et tous les écueils rencontrés, comme les nombreux ratés, les tâtonnements pour du sur-mesure (la R&D artisanale), les moments de doutes et de découragements. Les artisan.e.s et commerces indépendants dynamisent le tissu économique local AKA la vie de quartier. Et bien sûr consommer local, c’est bon pour la planète !

Les argiles utilisées sont recyclables indéfiniment tant qu’elles ne sont pas cuites. Les terres utilisées à l’atelier sont d’approvisionnement français et allemand. 

Un peu de sémantique...

Poterie/céramique : la céramique est le terme utilisé lorsque l’argile est cuite, quelle que soit la finalité (sculpture ou vaisselle), l’argile elle-même (grès, porcelaine ou faïence) ou la technique (tour, plaque, bol pincé, colombin, modelage, coulage…). La poterie fait référence aux pièces réalisées au tour, plutôt utilitaires. La poterie est donc de la céramique et inversement !

Argile/glaise : ce sont 2 termes utilisés pour désigner la matière première, la terre, qui sert en céramique. Elle a des propriétés plastique et peut être modelée, ce qui n’est pas le cas de la terre arable. 

Engobe/émail : ces 2 options permettent de mettre de la couleur sur la pièce mais pas aux mêmes étapes. Les engobes sont réalisés à l’atelier avec de la porcelaine diluée avec de l’eau et mélangée à des oxydes métalliques afin d’obtenir des couleurs lumineuses. On pose donc l’engobe sur terre crue.
L’émail est une couche qui nappera la pièce cuite une première fois. Cette couche lisse facilite notamment le lavage des pièces en contact avec des aliments. On émaille ce qui est mis à la bouche, donc la lèvre. L’émail peut avoir différentes finitions : transparent ou opaque, brillant ou satiné. 

Il n’y a donc aucune peinture ou vernis en céramique.

Oxydation/réduction : 2 types de cuisson existent en céramique. La cuisson par oxydation, comme la cuisson électrique qui ne fait que chauffer le four et la cuisson par réduction, comme la cuisson au gaz ou au bois. Dans ce 2ème cas, la flamme vient modifier l’atmosphère chimique du four ce qui influe sur les réactions avec les émaux. 

Du jargon spécifique existe par ailleurs en céramique ! 

– Barbotine : boue d’argile qui servira notamment aux collages.

– Chamotte : grains impalpables à petit gravier servant à donner une flexibilité au grès notamment, ce qui le rend moins capricieux que la porcelaine qui n’a que le gras de l’argile. 

– Colombin : boudin de terre molle qui servira également à fortifier les collages ou à monter une pièce.

– Estèque : outil de formes, matières (bois, plastique, métal) et rigidités différentes.

– Mandrin : contre-forme qui permet de tournasser des formes au col étroit.

– Mirette/tournassin : outil qui sert à tournasser ou à évider en modelage.

– Trusquin : outil qui sert à reproduire des mesures au tour notamment lorsqu’on travaille en série.